C’est une jolie petite île au sud-ouest de Tokyo. Ce lieu pittoresque aux nombreux sites religieux est devenu une sorte de station balnéaire pour les habitants de Tokyo qui s’y précipitent dès le printemps, quand les températures commencent à grimper dans la mégalopole nippone.
Ce fut l’une de mes premières visites après mon arrivée à Tokyo. Pour y aller, il faut prendre un train de la Japan Rail (JR), la compagnie ferroviaire publique du Japon. Le plus simple est d’emprunter la célèbre ligne Tokaido en direction d’Atami. Elle dessert Fujisawa, la ville la plus proche de l’île (en fait, Enoshima fait partie de cette ville). Ensuite, il y a plusieurs choix, suivant la ligne privée utilisée et l’endroit où vous souhaitez arriver… J’ai préféré prendre la ligne Odakyu, une des nombreuses sociétés ferroviaires privées du Japon, qui m’a permis de descendre à la gare Katase-Enoshima, située presque en face de l’île. Il faut compter en tout une bonne heure et quart.
Quand je parle d’île, c’est un peu de la triche… En fait, c’est plutôt une presqu’île, car un pont la relie à Honshu, l’île principale du Japon.
Un pont très bien fait, avec une route pour les automobiles et une large allée
pour les piétons et les cyclistes, presqu’aussi large que la voie automobile.
Pour accéder à ce pont, rien de plus simple, il faut prendre une sorte de tunnel
qui permet d’éviter de traverser les voies de circulation dense en surface. Les japonais ont pensé à tout…
Le pont est lui-même une sorte de promenade qui permet d’admirer sur les côtés un petit port de plaisance et de pêche, et une plage de sable sombre prisée par les jeunes pour pique-niquer (attention aux buses). Devant, une vue panoramique de l’ile, avec sa tour perchée sur les hauteurs.
La partie urbaine et commerciale est surtout regroupée au niveau du pont, avec ses nombreux restaurants le long d’une petite corniche et d’une rue piétonnière grimpant jusqu’à un petit sanctuaire. Cette allée relativement courte est typiquement faite pour les touristes : chaque façade est une boutique de souvenirs, une échoppe pour snack à emporter, ou un restaurant. Il y a aussi quelques boutiques d’artisanat. Avec la foule des touristes, cette voie étroite est quasi impraticable en été…
Mais la récompense se situe en haut. Encaissé entre des collines boisées, un magnifique petit sanctuaire se dévoile. On y accède après avoir franchi un grand torii rouge et quelques marches un peu raides.
Après cette étape, le chemin continue le long du bord ouest de l’ile. Il est bordé de quelques boutiques et de restaurants. Par endroits, c’est une sorte de corniche surplombant des falaises, avec une vue sur la mer et la côte rocheuse.
Le chemin devient rapidement une ruelle qui serpente entre les maisons, avec de nombreux escaliers. L’ile est assez escarpée et il faut être bon marcheur et ne pas avoir peur de gravir de nombreuses marches pour faire le tour de l’ile, comme je le prévois…
Je vois des restaurants ouverts et la montée m’a ouvert l’appétit. Je commence à avoir faim. Je trouve un petit restaurant familial sur le chemin. Il se trouve dans un bâtiment traditionnel en bois et l’accueil est chaleureux. Une dame âgée m’invite à la suivre jusqu’à la terrasse. Même si le soleil se fait encore timide, le temps se prête bien à un déjeuner dehors. Je commande une bière locale. A défaut d’être exceptionnelle, elle est rafraîchissante et agréable après la marche que je viens de faire.
Il semble y avoir beaucoup de plats locaux sur la carte, mais tout est en japonais. Ce n’est pas grave, avec les photos, le choix est finalement assez facile. Je commande un maquereau grillé avec un bol de riz, une soupe et des pickles (légumes marinés au vinaigre). Le repas est excellent. Le poisson est bien frais et délicieux.
Après ce repas, je continue le tour de l’ile. Le chemin devient une sorte de corniche avec des points de vue sur l’Océan Pacifique entre la végétation abondante. C’est à ce moment que le temps se lève un peu et le soleil sort des nuages. Soudain, j’aperçois au loin sur la droite le Mont Fuji. Il flotte certes un peu dans les brumes, mais c’est bien lui, majestueux. C’est la première fois que je le vois depuis mon arrivée au Japon. D’autres promeneurs s’arrêtent comme moi, saisis par le spectacle. La journée s’annonçait nuageuse et il y avait peu de chance de voir quelque chose. D’ailleurs, je ne pensais même pas le voir depuis cette ile. C’est donc une surprise, et découvrir le Mont Fuji se dévoiler au dessus de la mer est une chose qui ne peut laisser indifférent.
Le chemin descend depuis déjà quelque temps. Au détour du chemin tortueux, je découvre des pêcheurs sur de grands rochers plats. La pêche est une activité historique ici. Pendant longtemps, c’était d’ailleurs la principale source de subsistance pour les gens du coin. Enoshima a gardé cette tradition, notamment dans la pêche à la ligne. Une série animée a même été créée autour de ce sujet, en ayant pour cadre cette ile et les environs.
Le chemin descend jusqu’à la mer, au raz de l’eau. L’Océan Pacifique qui s’étend devant moi porte bien son nom aujourd’hui : tout est calme et en paix ici. En levant le nez vers les falaises, je découvre en hauteur qu’un passage permet d’entrer dans une grotte aménagée en sanctuaire. L’entrée de celui-ci est payante. Nous sommes dans l’extrémité sud de l’ile, à un des endroits les plus sauvages. Il y a de grands rochers partout et de grandes falaises à pic. Le chemin reprend son ascension en se tortillant.
J’arrive à nouveau dans de petits bosquets de verdure. Le chemin devient forestier. Des clairières sont occupées par des pique-niqueurs qui vous disent bonjour, ou par d’obscurs monuments, au choix. Puis des bâtiments apparaissent à droite. Il semble y avoir un temple et un musée. On arrive ensuite rapidement à un jardin situé au centre de l’ile, entourant la fameuse tour qui surplombe l’ensemble de l’ile. Mais elle fermée ce jour-là, tout comme le jardin. Tant pis, je passe mon chemin…
Il ne reste plus qu’à redescendre, en passant par un itinéraire différent qu’à l’aller. Cela me permet d’admirer de magnifiques vues de la ville de Fujisawa et de son port, en face de l’ile.
Sur le chemin du retour, je flâne dans de petites rues pavées où j’ai parfois la surprise de voir une sorte de pont traditionnel, que j’aurais l’occasion de voir ailleurs, comme à Nikko.
Comme il me reste du temps avant de rentrer à Tokyo, je fais un tour vers le port de plaisance de l’ile, mais il n’y a rien de vraiment intéressant, à part des mouettes bruyantes qui prennent d’assaut les jetées où de rares personnes s’aventurent. Il y a étonnamment très peu de pêcheurs.
Je quitte l’ile et une fois traversé à nouveau le pont, un passage à gauche sous le petit tunnel donne accès à la plage située pratiquement en face. Evidemment, en novembre, il n’y a pas un chat, enfin presque. En été, ce n’est pas la même chose.
Je remonte vers la gare de Katase-Enoshima pour reprendre la ligne privée Odakyu, mais quand je suis devant, je suis un peu interloqué par son « design » que je n’avais pas remarqué à mon arrivée le matin. Je suis sûr qu’on peut faire plus kitsch encore, mais on est déjà à un bon niveau ici…
Comme la pêche, le surf est une seconde nature ici. Ces surfeurs rentrent peut-être chez eux dans la banlieue de Fujisawa, en ayant été – à mon avis – un peu pour leurs frais : je n’ai pas vu beaucoup de vagues ce jour-là.
En conclusion, c’est une très bonne excursion à faire pour admirer des paysages variés au bord de la mer. Je n’ai pas compté la distance parcourue dans l’ile, mais on doit dépasser les 5 km si l’on souhaite en faire le tour, ce qui est le plus intéressant. Il y a pas mal de choses à visiter, il faut donc compter une bonne journée pour voir les principaux points d’intérêts et prendre le temps d’admirer le site. L’ile regorge de restaurants, dont certains proposent des plats locaux. Ne pas s’y arrêter pour l’heure du déjeuner serait vraiment rater quelque chose.